4

Le Magasin des suicides.

 

 

Peut-on faire un film d’animation sur le thème du suicide à destination des enfants?

Cette question, Patrice Leconte a dû se la poser en réalisant le magasin des suicides car non content d’aborder un thème bien glauque, le film se cherche pendant 2h en oscillant continuellement entre film d’animation pour adultes et dessins animé pour enfants.

Un client satisfait ne revient jamais.

L’histoire est originale: dans un monde triste et gris, le moral est au plus bas, les suicides sont tous les jours plus nombreux. Face à ce constat plutôt morose, certains se sont adaptés.
C’est le cas de la Famille Tuvache qui détient le Magasin des suicides,une petite échoppe où l’on peut trouver tout ce qu’il faut pour réussir sa mort. Les affaires se portent bien et l’harmonie règne au sein du couple formé par Mishima et Lucrèce.
Seulement Voilà, Madame attend un « heureux » évènement et ce dernier va chambouler la vie de nos protagonistes: Alan a la bonne idée de naitre avec la joie de vivre!

De là s’enchaine tout une suite de péripéties, les scènes n’étant pas particulièrement bien liées, on se perd rapidement dans des questionnements un poil pompeux. (Chaque personnage se plonge dans une réflexion intérieure très profonde…)
Si certains clients nous décrocherons un sourire, la quasi totalité des actions d’Alan nous laissera de marbre. Calibré pour le jeune public, ce personnage d’ahuri souriant est là uniquement pour dédramatiser la situation.

La famille Tuvache au complet.

Mais pourquoi ça ne marche pas?

Mon premier grief concerne donc ce personnage d’Alan auquel les gosses arriveront sans doute à s’identifier. Pourquoi avoir voulu à tout pris rendre ce film accessible aux plus jeunes? D’après mes recherches le livre original dont est tiré le film est bien plus sombre.
C’est de là que vient l’ambiguïté dans le magasin des suicides. Alan n’entreprend que des actions de gamin avec tout ce que cela implique de niaiserie et de guimauve. L’introduction du film avait réussie à amener un monde glauque, sordide mais terriblement cohérent. On ne peut que déplorer l’arrivée d’Alan qui vient saborder cette atmosphère si réussie. Doit-on forcément ressembler à un bisounours lobotomisé quand on aime la vie?
Si le magasin des Suicides avait été un film réservé aux adultes, on aurait peut-être eu droit à une œuvre critique et amer des plus réjouissantes. Alan doit être présent pour amener les évènements qui font avancer l’histoire mais son traitement aurait mérité un peu plus de maturité. Au lieu de ça on se tape un pseudo-Disney en chansons, plein de bonnes intentions.

Parce qu’en plus ça chante?

Deuxième point noir du film, les chansons! Il y en a trop et les paroles ne sont pas toujours bien inspirées… Le doublage est aussi à mettre en cause avec par moment des petites incohérences de ton ou des dialogues bien pauvres.
Enfin si vous pensez que cela peut permettre aux enfants de mieux apprécier le film, vous vous plantez! Car si on a droit à des chorégraphies bien guimauves, d’autre surfent allègrement sur le glauque et la sexualité sans trop de censure.

Le design des personnages et l’univers du film sont très réussis.

Et pourtant c’était beau.

La censure pourtant il y en a, pas d’effusions de sang, les suicidés qui expirent en reproduisant la danse de Thriller… Ça souffle en permanence le chaud et le froid!  Une fois encore le grand public l’emporte.
Mais heureusement pour nous tout n’est pas perdu, si l’histoire et la BO sont mauvaises, l’image elle, est magnifique.
L’animation est fluide et bien cadrée. Le design général est très réussi, la ville donne immédiatement un sentiment d’oppression, les personnages même secondaires sont détaillés, on a par moment l’impression de lire une BD animée. Visuellement, il n’y a rien à redire, tout est soigné et c’est dommage que le reste ne soit pas à la hauteur.

Au final je sanctionne! L’ouverture de l’œuvre à un public (trop) plus large n’a pas été bénéfique au Magasin des suicides. Je m’attendais à voir un film pour adultes mais il semblerait qu’en France un dessin animé soit avant tout destiné aux enfants et la mentalité n’est pas prête de changer.
J’en reste donc là pour le film mais je pense me lire le livre un de ces quatre, d’après les échos que j’ai pu trouver, le sujet y est mieux traité. À voir…

Verdict:

Gardez vos euros.

 

ZyO

[Images: Ici, ,et ici et ]

4 thoughts on “Le Magasin des suicides.”

  1. Le nombre de mauvaise critique qu’il prend dans la tête ce film alors qu’il n’est pas si dégueulasse que ça.
    Moi j’ai adoré ce contraste entre la réalisation d’un film pour enfant et un thème pour adulte. Après je suis d’accord que les chansons m’ont sacrément gonflés, mais je me dis que le réalisateur a bien joué son coup en balançant cette univers dégueulasse en ajoutant des chansons niaises.

    Je ne suis pas d’accord avec la plupart des critiques sur ce film. Il vaut le coup d’aller au ciné, mais en tout cas super critique 😉

  2. Merci!
    Effectivement il prend cher, j’ai trouvé pas mal de critiques acides contre lui mais bon, pour ma part j’ai pas été convaincu, mais je connais des gens qui ont aimé.
    J’en attendais surement trop…

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.